Sur le papier, voir Metallica en concert c’est possiblement commettre la pire des conneries. À titre de comparaison, ce serait comme d’aller, l’été, chercher la clé du paradis à Cancún et de se retrouver entouré par 250 000 touristes déchirés au Jagermeister. L’enfer. Le groupe de heavy-métal au plus de 200 millions d’albums vendus (autant que Eminem, Céline Dion ou Mariah Carey) est une multinationale qui fait des concerts comme elle convoque les membres de sa famille de c’ur à une AG. Au touriste-spectateur-actionnaire alors de se rassurer du mieux qu’il peut et de se forcer à ressentir de la ferveur là où la chaleur et l’authenticité se sont envolées.
Conscient de la nature des rapports avec son public, le groupe a choisi de célébrer la sortie de son assez violent 11ème album studio Hardwired’ to self-destruct en donnant un concert ultra privé, retransmis en direct sur le web depuis la House of Vans de Londres, sorte de bunker creusé sous la gare de Waterloo Station. Mi-dédale de caves mi-skatepark, le lieu accueillait vendredi soir quelque chose comme 300 personnes venues de l’Europe toute entière. Ces gens qui n’ont plus tout à fait 20 ans mais le vague espoir que l’un des plus grands groupes de l’histoire du rock leur botte le cul. C’est en tout cas la promesse faite par le groupe à son public à chaque concert depuis 35 ans.
Quatre quinquas entrent sur une scène pas plus grande qu’une chambre d’adolescent. Vont-ils seulement arriver à la saccager ‘ Le premier riff, part comme une grosse droite. Les 300 spectateurs ont automatiquement la mâchoire décrochée. Le groupe assume de lancer les hostilités avec la reprise de Breadfan, un titre 70’s qui figurait sur la Face B d’un de leur single de 1988′ Cette baston sonique’ de plus de 5 minutes à 123 BPM a le mérite de donner le cap. Metallica est monté sur scène pour se refaire une petite santé. S’enchaînent The Four Horseman, Battery, Sad But True puis pause pour le groupe sauf pour Kirk Hammet (guitar solo) qui s’élance seule et sans filtre dans 5 minutes d’impro à la gratte à fond la caisse. Ca fait des années que le groupe, conscient de son âge, ne s’autorisait plus ce genre de folies.
Déjà 25 minutes d’écoulées et la sensation pour le spectateur de retrouver intact le groupe qu’il a toujours adulé. Ca tombe plutôt bien, Metallica enchaine ses classiques avec la force d’un panzer (Fade to Black, Harvester of Sorrow, One, Master of Puppets). Ca joue tellement vite et fort, qu’il n’y a aucune autre issue que celle d’être littéralement absorbé. Metallica place quelques nouveaux titres assez cash – et relance avec son cultissime Enter Sandman. Autant dire que c’est bien LE morceau que tout le monde connaît. Les poings sont en l’air avec les doits du diable levés, les têtes bougent et les verres de bières volent dans tous les sens. Ca continue à ce rythme encore une petite demi-heure et le spectacle se clôture par un entartage en bonne et due forme de Kirk Hammett par l’ensemble du groupe. Il fête ce soir ses 54 ans. Ce soir, Metallica a aussi 35 ans’ et toutes ses dents !
Comme il se doit, on en ressortira complètement sourd et totalement abruti. Tant mieux, c’est précisément l’effet qu’on était venu naïvement chercher.
La vidéo du concert est encore visible quelque jour ici :
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.